François Hollande refuse de toucher aux régimes spéciaux par peur « d’avoir du monde dans les rues » à la rentrée, selon ses propres mots. Les différents gouvernements qui se sont succédé ont eu du mal à traiter la question, alors que les travailleurs affiliés aux régimes spéciaux ne représentent que 3,4 % des actifs.
Pourquoi les régimes spéciaux ne seraient-ils pas touchés par la réforme ?
Au cours d’un entretien accordé au quotidien Le Monde, François Hollande a déclaré que les assurés des régimes spéciaux ne seront pas concernés par la réforme des retraites parce qu’il ne souhaite pas reconsidérer la parole donnée à ces salariés en 2008, et que, de toute manière, les mesures applicables ne sont plus appropriées. Et d’ajouter que cette décision risque d’augmenter le nombre de manifestants du 10 septembre prochain.
Même si les régimes spéciaux ne comptent qu’un peu plus de 1,7 million de bénéficiaires incluant 945 000 cotisants, leur participation à cette mobilisation risque de paralyser le pays : en effet, si les moyens de transport public ne sont pas fonctionnels, les travailleurs et les étudiants seront confrontés à un blocage total.
Les régimes spéciaux ont toujours été épargnés sauf en 2007
La réforme de 1993 n’a pas eu d’impact sur les régimes spéciaux. En 1995, Alain Juppé a voulu étendre les mesures établies par Édouard Balladur en 1993 aux fonctionnaires et aux salariés qui cotisent aux régimes spéciaux. Une forte mobilisation accompagnée de l’arrêt des transports publics l’a contraint à changer d’avis. Ce scénario a convaincu François Fillon de ne pas modifier les règles qui s’appliquent aux régimes spéciaux en 2003. Ainsi, lorsque la durée de cotisation des fonctionnaires est alignée sur celle des salariés du privé, les régimes spéciaux ne sont toujours pas concernés.
La situation a changé en 2007 lorsque les régimes spéciaux ont fait l’objet d’une réforme bien définie, grâce aux promesses de Nicolas Sarkozy qui voulait « réparer cette injustice ». Mais cette année, il semble bien qu’ils échapperont encore une fois à un remaniement.
L’avis de la CGT
Selon Éric Aubin, le secrétaire confédéral de la CGT, « toucher aux régimes spéciaux ne rapporterait rien à l’État » parce que le taux de remplacement est presque le même pour le secteur privé et pour les régimes spéciaux. Bien que le montant des pensions accordées aux cotisants des régimes spéciaux soient supérieures à celui versé aux salariés du privé, il faut rappeler que la durée de cotisation est aujourd’hui la même pour tous.
Actuellement, les revendications de la CGT portent surtout sur l’amélioration des conditions des salariés du privé qui arrivent en fin de carrière : en effet, ces derniers sont souvent confrontés au chômage et aux minima sociaux qui réduisent le montant de leurs retraites, alors que les bénéficiaires des régimes spéciaux vont profiter d’une hausse de leurs pensions.