Les caisses complémentaires des salariés du privé bientôt vides
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De nouvelles projections ont permis de découvrir que les réserves du régime des cadres du privé seront épuisées dès 2018. Face à cet assèchement prématuré, des mesures d’urgence doivent être appliquées.
Les organisations patronales et syndicales en charge de la gestion des régimes de retraites complémentaires ont réalisé de nouvelles projections après la dernière réforme des retraites. Ces responsables ont constaté que certaines mesures vont accélérer l’assèchement des réserves des caisses complémentaires des salariés et des cadres du privé au cours des prochaines années.
Le déficit de l’Agirc était de 3,2 milliards d’euros en 2013 et augmentera à 5 milliards d’euros en 2018, date à laquelle les réserves de la caisse seront complètement épuisées. Du côté de l’Arrco, le déficit va bientôt atteindre la barre des 3 milliards et ses réserves seront complètement vides en 2027, lorsque le déficit s’élèvera à 9 milliards d’euros.
Les principales causes de l’assèchement prématuré des caisses complémentaires
Malgré les mesures de redressement financier (semi-gel des pensions et hausse de cotisations jusqu’en 2015) mises en place il y a deux ans, les problèmes de l’Agirc et de l’Arrco ne sont toujours pas résolus. Les recettes des régimes de retraite sont réduites à cause de la dernière crise économique et le déséquilibre du système des retraites persiste avec le vieillissement de la population : les cotisations versées par les actifs ne suffisent plus pour couvrir les pensions qu’il faut verser aux retraités.
Les partenaires sociaux en charge des régimes complémentaires regrettent que l’âge de départ en retraite n’ait pas augmenté dans le cadre de la dernière réforme. En effet, l’allongement très progressif de la durée de cotisation ne pourra régler les soucis financiers des caisses complémentaires qu’en 2025. La situation a même empiré avec l’extension des dispositifs de départs anticipés : les dépenses des caisses complémentaires augmentent de 200 millions d’euros par an.
Des mesures radicales
Jean-Louis Deroussen, administrateur CTC de l’Agirc-Arrco, a déclaré que des mesures d’urgence doivent être appliquées et qu’à l’avenir, les caisses complémentaires ne pourront pas redistribuer de l’argent dont elles ne disposeront pas. Il faut rappeler que les caisses de retraite n’ont pas le droit de recourir à un emprunt pour compenser leurs pertes. Ainsi, comme l’assèchement de leurs réserves est imminent, des mesures radicales s’imposent : les pensions versées par les régimes complémentaires devraient baisser de 10 % à 14 % jusqu’en 2030 pour assurer la pérennité du système.
Quelques propositions ont été évoquées, mais les responsables n’ont pas encore pris de décision :
- La fusion de l’Agirc et de l’Arrco qui permettra de tenir jusqu’en 2025 ;
- Un abattement temporaire des pensions des retraités qui demandent la liquidation de leurs droits avant l’âge de 65 ans ;
- L’abaissement du montant des pensions versées sans réduire le montant des cotisations, mais cette option va réduire davantage le montant de la pension qui ne représente plus que 55 % du dernier salaire perçu ;
- La hausse des cotisations est également impossible parce qu’avec la nouvelle réforme des retraites, le taux maximal de cotisation de retraite (28 % du salaire brut) sera atteint en 2017.