Réforme des retraites, l'impact sur la retraite des cadres
- Ecrit par Ludovic Herschlikovitz
Réforme des retraites, quels changements pour les cadres ?
Dans son rapport remis au Premier ministre le 18 juillet dernier, le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye n’a pas donné beaucoup de détails sur la retraite des cadres, notamment sur celle des cadres les plus riches. Les préconisations inscrites dans ce rapport permettent tout de même d’en savoir plus sur les changements qui attendent les cadres les plus aisés.
Changement dans le mode de calcul de la retraite de base
Actuellement, le régime de retraite d’un salarié calcule la pension de ce dernier sur la base des 25 meilleures années de sa carrière professionnelle. Après la réforme cependant, la retraite d’un salarié-cadre sera calculée sur l’ensemble de sa carrière grâce à un système de points.
Un cadre avec une forte progression de salaire tout au long de sa carrière sera forcément pénalisé par ce nouveau mode de calcul. En effet, son salaire de référence est incontestablement plus élevé lorsqu’il est calculé sur la base des 25 meilleures années. La prise en compte de l’ensemble de la carrière (et donc des premières années d’activité) comme le préconise la nouvelle règle de calcul des droits diminuera ce salaire de référence et par conséquent la pension de retraite.
Changement dans le mode de calcul de la retraite complémentaire
Actuellement, le mode de calcul des points est en fonction du salaire des 12 derniers mois. Il s’agit en général du plus haut salaire pour le salarié. Après la réforme cependant, les cadres engrangeront des points sur la base de l’indemnité chômage qui ne représente que 60% du dernier salaire. Le montant sera forcément moins élevé dans ce nouveau mode de calcul de la retraite complémentaire.
Changement du plafond de cotisations
Dans le nouveau système de retraite préconisé par le gouvernement, les cadres supérieurs gagnant plus de 8 000 euros nets par mois (10 000 euros bruts) ne pourront plus cotiser au-delà de 120 000 euros bruts par an, soit 3 fois le plafond annuel de la sécurité sociale (PASS). Concrètement, ces actifs qui représentent moins de 5% des cadres cotisent actuellement pour leur retraite jusqu’à 324 000 euros bruts par an (soit 27 000 euros bruts par mois). Dans le système universel par points, ils seront taxés à 2,81% sur la partie de leur salaire excédant le plafond de 120 000 euros bruts par an. Cette cotisation au taux de 2,81% n’ouvrira cependant pas de nouveaux droits à la retraite. Par conséquent, cette catégorie d’actifs percevra demain une pension de retraite plus faible par rapport à aujourd’hui. Ainsi, les cadres les plus aisés contribueront un peu plus à l’amélioration des pensions de retraite les plus faibles.
Pour compenser cette perte de retraite, les cadres les plus riches pourront se tourner vers un plan d’épargne retraite soit via leurs banques soit via leurs entreprises. Grâce à la loi Pacte et la création d’un nouveau plan épargne retraite disponible à partir du 1er octobre 2019, ils pourront profiter d’une règlementation plus souple, d’une fiscalité avantageuse et d’un mode fonctionnement plus simple. La capitalisation sera en effet un bon moyen de se créer un revenu supplémentaire. Ils pourront également envisager de placer sur une assurance vie les montants dégagés par la baisse de leurs cotisations.
Âge à taux plein à 64 ans
La réforme des retraites apportera tout de même des changements positifs pour les cadres. Actuellement en effet, les cadres doivent attendre 43 annuités pour prétendre à une retraite à taux plein. Pour remplir cette durée de cotisation minimale cependant, un cadre doit attendre en général 66 ou 67 ans. Cela s’explique par une entrée tardive sur le marché du travail en raison de longues études universitaires. Pour pouvoir partir à 62 ans et cotiser 43 ans, un cotisant doit en effet commencer à travailler à 19 ans, à un âge où la grande majorité des futurs cadres supérieurs sont encore sur les bancs des universités. Ces futurs diplômés n’entrent en général sur le marché du travail qu’aux alentours de 23 ans.
Après la réforme en revanche, l’âge du taux plein sera fixé à 64 ans pour tous les actifs. Les cadres pourront donc partir avec une retraite complète à cet âge sans la crainte de subir la décote de 15%. Ils pourront d’ailleurs retarder leur départ à la retraite et obtenir 5% de surcote par année supplémentaire d’activité au-delà de cet âge pivot, soit 15% de bonus pour un départ à 67 ans.
Principales mesures de la réforme des retraites
- Comprendre la réforme
- Réforme des retraites : Tout ce qui change au 1ᵉʳ septembre 2023
- Analyse d'un cas avant et après la réforme
- Contenu du texte définitif applicable au 1ᵉʳ septembre 2023
- Calcul de l'âge de départ
- Déterminer et comprendre l'âge de départ à la retraite
- Majoration de 5 % dès le premier enfant : Explication sur ce projet de la réforme
- Rachat de trimestres et reforme des retraites. Quel intérêt ?
- La pension de réversion dans la réforme des retraites
- Cumul emploi retraite : Explications
- Cumul emploi retraite : Ce qui change avec la réforme des retraites
- Retraite progressive : Explications
- Retraite progressive : Ce qui change avec la réforme des retraites
- La fin des régimes spéciaux
Âge de départ à la retraite avec la Réforme
Spécificités de la réforme
En savoir plus sur l'âge de la retraite
- Calculer l'âge de votre retraite
- L'âge legal de la retraite
- Âge pivot dans la réforme des retraites : Les gagnants et les perdants
- L'age à taux plein pour sa retraite
- Prendre sa retraite à 60 ans
- Conditions pour prendre sa retraite anticipée
- Comprendre les trimestres retraite
- Réforme des retraites et âge pivot à 64 ans
- Préparer sa retraite entre 27 et 45 ans
- Préparer sa retraite entre 45 et 55 ans
- Préparer sa retraite entre 55 et 67 ans